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Les mots sont les passants mystérieux de l'âme.

Dernière mise à jour : il y a 3 heures

Cette phrase de Victor Hugo me semble s’accorder à l’atmosphère un peu feutrée que je perçois assez souvent dans les dessins de Patrick Chapatte. On retrouve assez régulièrement sous ses tracés des scènes d'une belle convivialité, quitte à nous faire remarquer, c'est le cas ici, que ce vivre ensemble est fragile.


Lorsqu’on se retrouve pour discuter et qu’on déplore des actes inacceptables ,des gestes incompréhensibles, on entend quelquefois simplement dire :

« Il s’est trompé. »Et c’est bien ce que Patrick Chapatte nous dessine en mémoire des victimes des attentats ayant endolori Paris le 13 novembre 2015.


La sobriété des nuances de gris , le soin porté aux plis des vêtements ouvre et recentre notre regard vers ce qui est assez précieux pour être préservé :

l’amour,le désir de sortir ,d’aller l’un vers l’autre.Nous apercevons le rideau abritant une terrasse de café, vide.


Dessin publié à l'époque dans le New-York Times puis présenté lors de l'émission Une semaine dans le monde avec "Cartooning for peace " sur France 24 le vendredi 14 nov 2025.
Dessin publié à l'époque dans le New-York Times puis présenté lors de l'émission Une semaine dans le monde avec "Cartooning for peace " sur France 24 le vendredi 14 nov 2025.


La nonchalance et l’insouciance avec laquelle ce couple échange un baiser s’impose face au regard du terroriste,qui détonne au milieu du blanc, figurant l’absence, les vies perdues ce soir là. La voiture dont il sort est vide, elle aussi.

Il surgit en intrus, il est en décalage, il n’a rien à faire là ; son regard à lui ne rencontre personne.-- Ah, s’il avait pu n’être jamais venu à Paris ce soir là. S’il avait pu prendre le temps de regarder mieux la vie, il aurait réalisé qu’il se trompait--.


Autant Doisneau s’attache à immortaliser les enfants et les gens simples dont il observe les gestes de la vie quotidienne autant Chapatte efface de notre mémoire ces guerriers voulant s’inscrire dans l’Histoire par la terreur au lieu d’intégrer un processus socialisant.


Ce dessin rend la violence indicible, ineffable, inopérante, dérisoire, vaine. Le dessinateur la défait pour rendre un bel hommage aux survivant. es.

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